Création Cie Difé Kako 2014
Chorégraphie : Chantal Loial
C’est l’histoire d’une rencontre improbable quelque part dans l’Est de la France entre 1914 et 1918. Des gens comme tout le monde, qui n’avaient rien à faire là, rien à faire ensemble et que tout opposait.
Une rencontre au cœur de la Première Guerre mondiale
Cette pièce évoque les destins brisés des centaines de milliers d’hommes envoyés au front par l’armée française. Entravés et embourbés dans la violence de la guerre, ils sont originaires de France, d’Afrique, des Antilles et de Guyane. Soldat français, tirailleur sénégalais ou volontaire, un seul et même adversaire les unit.
Est-ce l’Autre, l’Ennemi ? Est-ce la Nation, qui les a conduits dans ces tranchées putrides ? Est-ce l’état- major qui les y maintient coûte que coûte ? N’est-ce pas plutôt la Mort, devant laquelle tous redeviennent égaux ?
Dans l’horreur des tranchées, chacun se reconnaît en l’autre. Frères d’arme, ces anonymes avancent désormais ensemble, liés, car face à la mort, ils sont tous égaux. Terreur, épuisement, folie, altruisme… autant d’états auxquels l’œuvre donne corps pour rendre le propos universel.
Cette rencontre entre les cultures d’Afrique, des Antilles-Guyane et d’Europe, qui n’a peut-être pas eu lieu, quelque part au milieu de l’horreur de la guerre, où danse et musique s’imposent comme seules échappatoires.
Des circonstances extrêmes qui font le cœur de cette création
Chantal Loïal entremêle traditions musicales et chorégraphiques diverses (gwoka de la Guadeloupe, bèlè de la Martinique et danses d’Afrique de l’Ouest) et vocabulaire contemporain, avec la complicité de quatre interprètes issus d’univers chorégraphiques différents.
Ni œuvre de mémoire et encore moins célébration héroïque ou patriotique, cette nouvelle création tente, dans un contexte où l’intime est mis à nu par des circonstances extraordinaires, de dépasser l’image d’Epinal pour explorer la relation entre quatre êtres que tout oppose.
Le contexte de cette création
Les colonies de l’Empire français ont joué un rôle primordial pendant la Première Guerre mondiale, fournissant aux Alliés des soldats, de la main-d’œuvre et des matières premières.
134 000 « tirailleurs sénégalais » (un corps de militaire constitué en 1857 par Napoléon III) sont mobilisés en renfort des troupes françaises.
De même, près de 270 000 Maghrébins sont mobilisés et environ 190 000 (dont 125 000 Algériens) viennent combattre en Europe.
En octobre 1915, un décret ordonne la mobilisation des Africains de plus de 18 ans. Un député sénégalais, Blaise Diagne, pense tenir là une opportunité pour les Africains de s’émanciper. Au total, entre 550 000 et 600 000 personnes sont mobilisées et près de 450 000 viennent combattre en Europe et en Orient. Le nombre de tués est estimé à plus de 70 000 dont environ 36 000 Maghrébins et 30 000 «Sénégalais».
En imaginant une rencontre au cœur de la Première Guerre mondiale, la compagnie Difé Kako s’interroge sur les ressorts du rapport à l’Autre, dans une période où l’Autre est un parfait inconnu voire un étranger.
Chorégraphie : Chantal Loïal
Assistante chorégraphique : Julie Sicher
Interprètes : Delphine Bachacou en alternance avec
Louise Crivellaro , Mariama Diedhiou, Alseye Ndao et
Julie Sicher en alternance avec Jean-Philippe CostesMuscat
Création sonore : Pierre Boscheron
Création lumière et vidéo : Stéphane Bottard
Texte : extrait de Voyage au bout de la nuit de LouisFerdinand Céline © Editions Gallimard
Costumes : Michèle Sicher
Collaboration artistique : Delphine Bachacou
Remerciements : Sandrine Andrivon-Milton, Patrick
Berger, Alain Birnesser, Ary Broussillon, Vincent
Byrd Le Sage, Eric Deroo, Igo Drané, Denis Guichot,
Matthias Groos, Joëlle Iffrig, Pia Lalloz, Ricky Tribord,
Marc Verhaverbeke et Fanny Vignals
Co-production et résidence : Maison des Arts de Lingolsheim
Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Alsace (aide au projet) – DAC Martinique et DAC Guyane (résidence de création et d’immersion), du FEAC (Ministère de l’Outre-mer et Ministère de la Culture et de la Communication), de la Région Alsace et de la Région Guyane (résidence de création), de la Ville de Paris – DGOM, de la Briqueterie / CDC du Val de Marne, du Centre National de la Danse de Pantin et du CMAC (Centre Martiniquais d’Action Culturelle) pour le prêt de studio.
Noir de boue et d’obus a reçu le soutien et le label «Centenaire» par la Mission Centenaire de la Première Guerre mondiale ainsi que le label « Alsace 14-18 » de la Région Alsace
Difé Kako reçoit le soutien de la Région Ile-de-France au titre du dispositif Emploi Tremplin